Certains silences en disent long. Dans une aire de jeux, il suffit de voir un tout-petit de 17 mois assembler deux mots pour que la tension monte d’un cran chez les adultes. Les uns affichent une fierté non dissimulée, d’autres cherchent du regard leur propre enfant, à l’affût du moindre babillage. Faut-il s’en inquiéter si certains marmonnent de véritables mélodies verbales, pendant que d’autres s’en tiennent à un joyeux charivari de gestes et de sons ?
Chaque mot prononcé ressemble à une petite victoire, un passeport vers de nouveaux territoires. Alors, existe-t-il vraiment un moment précis où les premiers mots devraient jaillir ? Les repères du carnet de santé balisent le chemin, mais la réalité se charge vite de brouiller les pistes. Les attentes parentales se heurtent à la diversité des parcours, et aucun enfant ne suit la même route pour se frayer un passage vers le langage.
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Plan de l'article
À 17 mois, où en est le langage d’un enfant ?
À 17 mois, le langage s’invente au jour le jour. Certains enfants lancent déjà des mots, d’autres tâtonnent, oscillant entre balbutiements et débuts de phrases. Le vocabulaire reste modeste : en général, on retrouve entre 5 et 20 mots, parfois beaucoup moins, parfois davantage. Les sons, la gestuelle, l’intonation dominent encore le paysage de la communication.
Avant de parler, l’enfant comprend. À cet âge, il saisit déjà des consignes simples, réagit à son prénom, reconnaît des objets du quotidien. Il pointe du doigt, tend la main, cherche le regard de l’adulte pour obtenir ou désigner quelque chose.
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- La précision des sons progresse : « papa », « maman », « encore » figurent parmi les premiers mots favoris.
- Certains arrivent à lier deux mots, frôlant la construction de la phrase.
- Les essais sonores persistent, soulignant la variété des rythmes de développement.
L’environnement agit comme un catalyseur. L’enfant observe, imite, s’imprègne de la manière de parler de ceux qui l’entourent, que ce soit à la maison ou à la crèche. Les étapes du langage n’obéissent à aucun calendrier universel : ce qui compte, c’est la progression, la curiosité, l’envie d’interagir. Un silence n’est pas forcément un signal d’alarme, à condition que tout le reste du développement évolue harmonieusement. D’un bébé à l’autre, les différences frappent : chaque trajectoire raconte la richesse et la complexité de l’apprentissage du langage.
Quels signes montrent que la parole se développe normalement ?
À 17 mois, certains indices trahissent une évolution satisfaisante du langage. Il suffit d’un regard attentif au quotidien pour les repérer. Parfois discrets, ces signaux sont pourtant révélateurs d’une progression bien engagée.
- Le vocabulaire s’étoffe : quelques mots simples, « maman », « papa », « non », « dodo », « encore », surgissent et sont utilisés à bon escient.
- L’enfant s’amuse à imiter les sons, les bruits du quotidien ou le ton des adultes – preuve qu’il assimile et tente de reproduire ce qu’il entend.
- Il comprend des instructions courtes, réagit à son prénom et désigne des objets sur demande.
- Les gestes – pointer, tendre un objet, faire « au revoir » – complètent souvent les mots, soulignant une communication globale.
Les parents observent aussi la naissance de « proto-mots » : des sons parfois incomplets, mais qui désignent clairement des personnes ou des objets. Certains enfants enchaînent déjà deux mots, amorçant la construction de petites phrases.
Stimuler le langage, ce n’est pas faire la leçon, mais multiplier les échanges : parler, chanter, jouer, lire, chaque moment partagé nourrit la progression. Ce qui importe, c’est la dynamique d’acquisition, bien plus que le nombre exact de mots. Les différences individuelles restent notables, mais un enfant qui babille, qui interagit, qui s’intéresse à l’échange, est sur la bonne voie.
Retards ou variations : quand faut-il s’alerter ?
À 17 mois, certains enfants restent silencieux ou peu enclins à communiquer. Le rythme du développement du langage varie énormément à cet âge. Pourtant, quelques signaux méritent une attention particulière et peuvent inciter à solliciter un avis professionnel.
- Absence totale de mots (« papa », « maman ») ou de sons reconnaissables.
- Manque d’intérêt pour les échanges vocaux ou absence de gestes pour communiquer (ni pointage, ni « au revoir »).
- Indifférence persistante à l’appel de son prénom ou difficulté à comprendre des instructions simples.
Un trouble auditif peut se cacher derrière un langage qui tarde à se développer. Si l’enfant réagit peu aux bruits environnants, la question se pose. Les antécédents familiaux de troubles du langage ne doivent pas être négligés.
Plus on repère tôt une difficulté, plus vite on peut agir. Un manque de progression qui s’installe, un silence durable ou la perte de compétences acquises devraient amener à consulter un orthophoniste ou un pédiatre.
La plupart du temps, ces différences relèvent simplement de la diversité des parcours. Mais il faut rester attentif si le retard de langage s’accompagne d’autres particularités : isolement relationnel, absence de jeux d’imitation, contact visuel rare.
Des gestes simples pour accompagner l’apprentissage des mots au quotidien
Accompagner l’éveil au langage ne rime pas avec exercices scolaires, mais avec immersion dans un environnement riche en échanges. C’est dans la vie de tous les jours que tout se joue.
Nommez les objets, les personnes, les gestes qui rythment la journée. À table, décrivez la scène : « Voilà la banane, tu la manges. » Pendant le bain, la promenade, le jeu, chaque instant devient une opportunité d’élargir le vocabulaire de votre enfant.
Les jeux d’imitation fonctionnent à merveille : à cet âge, les enfants adorent reproduire les sons, copier les gestes, manipuler les objets familiers. Chantez, mimez, encouragez-le à imiter le cri du chat ou le bruit de la voiture. C’est ludique, et diablement efficace.
- Les livres illustrés sont de précieux alliés : feuilletez-les ensemble, nommez les images, posez des questions du type « Où est le chat ? »
- Accueillez chaque tentative de communication, même si elle vous paraît incompréhensible, avec un sourire ou un mot chaleureux.
La répétition fait des miracles : répétez souvent les mêmes mots, dans différents contextes. Les routines rassurent votre enfant et facilitent la mémorisation.
Mais surtout, offrez-lui votre disponibilité émotionnelle. Un regard, une réponse à sa demande, une écoute attentive : voilà le carburant qui donne envie de s’exprimer, d’essayer encore, de franchir de nouvelles étapes. Le langage, c’est d’abord une histoire de lien.